Du 3 mars au 4 avril 2025, GOBELINS Alumni présente une exposition inédite mettant en lumière cinq autrices et illustratrices diplômées de l’école : Sixtine Dano, Claire Fauvel, Audrey Lainé, Carole Maurel et Diane Truc.
Cet événement, organisé dans le cadre du 60e anniversaire de l’institution, s’inscrit dans une démarche de valorisation des talents féminins dans un secteur où les femmes ne représentent que 12% des auteurs de bande dessinée publiés.
L’exposition sera complétée par une table ronde le 27 mars, abordant les enjeux spécifiques auxquels font face les créatrices dans l’industrie.
Sommaire
Un événement révélateur des inégalités persistantes
L’exposition « Les femmes dans la bande dessinée » arrive à point nommé dans un contexte où la question de la représentation féminine dans le 9e art reste problématique.
Malgré une évolution des mentalités, les femmes continuent de se heurter à des obstacles structurels dans ce milieu traditionnellement masculin.
Les études récentes montrent pourtant que 46,67% des fans de comics sont des femmes, un chiffre en contradiction flagrante avec leur sous-représentation parmi les créateurs.
Des parcours inspirants pour la nouvelle génération
Les cinq diplômées mises à l’honneur par GOBELINS illustrent des trajectoires professionnelles diverses qui témoignent de la richesse créative féminine dans la bande dessinée.
Leurs œuvres exposées offrent un panorama des différentes approches narratives et graphiques qui enrichissent le paysage éditorial actuel.
Cette initiative vise à inspirer les jeunes talents féminins, alors que 71% des auteurs de bande dessinée doivent exercer un emploi complémentaire pour vivre de leur art.
Le marché de la BD en 2025
L’exposition s’inscrit dans un contexte économique particulier pour le secteur de la bande dessinée. Après deux années record en 2021 et 2022, le marché a connu un repli en 2024 avec une baisse de 9% en volume et 4% en valeur.
Malgré ce ralentissement, la BD demeure le deuxième segment du marché du livre en France, représentant 22% de la production totale avec un chiffre d’affaires de 837 millions d’euros.
L’impact de l’inflation sur la consommation
La hausse des prix constitue l’un des facteurs explicatifs de ce repli. En 2024, les prix moyens ont augmenté significativement : +5% pour la BD jeunesse (prix moyen de 12,30€), +4% pour la BD de genre (19,80€) et +3% pour le manga (8,60€).
Cette inflation, supérieure à celle du marché général du livre (+3% contre +5% pour la BD), a particulièrement affecté le segment jeunesse qui a enregistré une baisse de 15% en volume et 11% en chiffre d’affaires.
Formation et insertion professionnelle
GOBELINS, à travers son programme Arts Graphiques Illustration, joue un rôle crucial dans la formation des futures professionnelles de la bande dessinée.
L’école combine l’enseignement des techniques traditionnelles avec la maîtrise des outils numériques, une approche essentielle dans un secteur en pleine mutation.
La question de l’insertion professionnelle reste néanmoins préoccupante, particulièrement pour les femmes qui font face à des discriminations systémiques dans l’accès aux opportunités éditoriales.
Le rôle des écoles dans la promotion de la diversité
Contrairement à une idée reçue, un diplôme n’est pas indispensable pour devenir auteur de bande dessinée. Cependant, la formation académique offre des outils précieux et un réseau professionnel qui peuvent faciliter l’entrée dans le métier.
Des établissements comme GOBELINS, l’Académie de Bande Dessinée DELCOURT, l’École Pivaut ou le CESAN proposent des cursus spécialisés qui intègrent désormais des réflexions sur la place des femmes dans l’industrie et les moyens de favoriser leur inclusion.
La diversification des formats
L’évolution des supports de lecture et l’émergence de nouvelles plateformes de diffusion ouvrent des perspectives inédites pour les autrices de bande dessinée.
Le webtoon, en particulier, connaît un essor considérable en France avec quatre à cinq millions de lecteurs, selon les estimations des professionnels.
Ce format vertical, adapté à la lecture sur smartphone, a permis à de nombreuses créatrices de toucher un public plus large sans passer par les circuits traditionnels de l’édition.
L’auto-édition et les plateformes numériques
Les réseaux sociaux et les plateformes d’auto-édition constituent également des leviers importants pour les autrices souhaitant se faire connaître.
Ces canaux alternatifs permettent de contourner certaines barrières à l’entrée du marché traditionnel et de construire une communauté de lecteurs fidèles.
Plusieurs des autrices présentées dans l’exposition de GOBELINS ont d’ailleurs développé leur notoriété en ligne avant d’être repérées par des éditeurs, illustrant l’évolution des parcours professionnels dans le secteur.
Table ronde du 27 mars
En complément de l’exposition, GOBELINS organise le 27 mars 2025 une table ronde dédiée aux femmes dans la bande dessinée.
Cet événement, qui se tiendra de 18h30 à 20h30 au campus parisien de l’école (73 Boulevard Saint-Marcel), réunira des professionnelles du secteur pour discuter des défis spécifiques auxquels font face les créatrices et proposer des solutions concrètes pour favoriser l’égalité des genres dans l’industrie.
Des initiatives pour l’avenir
La table ronde abordera notamment les questions de mentorat, de réseaux de soutien et de politiques éditoriales inclusives.
Elle mettra en lumière les initiatives existantes et proposera des pistes d’action pour les différents acteurs du secteur : écoles, éditeurs, festivals et institutions culturelles.
L’objectif est de contribuer à l’émergence d’un écosystème plus équitable, où le talent prime sur le genre et où la diversité des voix enrichit la création dans son ensemble.
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